La Mayenne est frappée de plein fouet par la sécheresse. Les journaux nous montrent des photos de riverains construisant des petits batardeaux pour essayer de retenir l'eau... sur une rivière où l'on vient de détruire tous les ouvrages hydrauliques de retenue, sur argent public, au nom du dogme de la continuité écologique destructrice et imposée par l'Etat. Les fonctionnaires de la direction de l'eau et de la biodiversité du ministère de l'écologie sont directement responsables de ces dérives : nous attendons qu'ils en répondent devant leur ministre, devant le parlement et devant leurs concitoyens. Il n'y aura aucun apaisement sans autocritique publique des erreurs faites depuis 10 ans et sans instruction claire aux services de l'Etat de ne pas reproduire ces erreurs à l'avenir.
La préfecture de Mayenne annonce "des restrictions d’eau renforcées" face à la sécheresse qui sévit. Une photo montre des riverains qui tentent de reconstruire un petit barrage de planches sur une rivière presque vidée de ses eaux :"mise en place d’un barrage sur le Vicoin au niveau de l’hippodrome de Ligonnière pour lutter contre la sécheresse", dit la légende.
Le Vicoin ?
Les lecteurs de notre site se souviennent peut-être que cette rivière à la gestion soi-disant exemplaire avait reçu un "trophée de l'eau" de l'agence de bassin Loire-Bretagne. Motif de cette satisfaction ? Au nom de la continuité écologique, tous les barrages de la rivière ont été détruits ou arasés, le dernier cet été. Plutôt que d'ouvrir les vannes aux périodes de crues ou de migrations de certains poissons, on a préféré tout faire disparaître. Les riverains, les pêcheurs, les promeneurs se sont plaints à des multiples reprises de ces choix. Ils ont souligné à l'administration et au syndicat que le Vicoin a des étiages sévères, des pollutions multiples.
Rien n'y a fait : le dogme est le dogme, on a besoin de "vitrines" et de "retour d'expérience" (manifestement biaisés dans leur construction) pour dire que la continuité écologique est une réforme formidable.
Eté 2018 : face au manque d'eau, nous en sommes aux restrictions et à refaire de misérables batardeaux de planches. Et les chercheurs du climat nous préviennent que c'est seulement le début, les épisodes extrêmes en crue comme en sécheresse devraient devenir de plus en plus fréquents au long de ce siècle. Des sécheresses et canicules comme celles de 2018 pouraient devenir la norme après 2050.
Détruire les outils de gestion de l'eau issus de notre patrimoine est un choix irréversible et irresponsable. Le ministère doit prononcer un moratoire sur toutes les opérations de continuité écologique aboutissant à la disparition des chaussées et barrages. 350 associations et 1300 élus l'ont demandé à Nicolas Hulot en janvier 2018, 7500 propriétaires et riverains de sites menacés l'ont demandé à François de Rugy en septembre 2018 : maintenant, c'est urgent.