Agir sur la morphologie des rivières, comme on le fait sur la chimie, est un angle légitime de gestion. Mais cette action doit garantir au préalable qu'elle apporte des bénéfices écologiques significatifs, ce qui n'est pas automatique, et qu'elle respecte les attentes des riverains, car la rivière recoupe de nombreuses représentations sociales et symboliques. La politique publique de continuité longitudinale a été marquée depuis le PARCE 2009 par la précipitation et la confusion: milliers d'ouvrages à aménager en très peu de temps, rivières classées et traitées à la chaîne, sous-emploi des modèles scientifiques de la recherche appliquée, solutions toutes faites sans diagnostics approfondis de bassin, chantiers à coût inaccessible aux particuliers, absence de dialogue environnemental avec les riverains. Améliorer la continuité – et, pourquoi pas, détruire certains ouvrages quand les conditions sont réunies –, c'est possible si l'on montre un certain respect de la démarche scientifique en écologie, si l'on agit là où il y a des besoins prioritaires pour des espèces menacées et, surtout, si l'on permet aux citoyens d'exprimer leurs attentes au lieu de leur imposer des options définies à l'avance.
Utiliser des modèles de connectivité, pour une priorisation des besoins de circulation sur le réseau hydrographique
Analyser la dynamique fluviale, car peu de bassins ont de réels problèmes de déficit sédimentaire lié aux petits ouvrages
Mobiliser des modèles hydrologiques, car l'évolution du régime crue-étiage et de l'alimentation des nappes doit être connue sur le bassin
Recourir à des modèles climatiques, car les choix doivent être sans regret à diverses hypothèses de changement thermique et pluviométrique
Estimer l'impact biogéochimique (nutriments, polluants, carbone), car les retenues peuvent avoir des rôles positifs
Vérifier les enjeux d'espèces invasives, car la continuité les favorise aussi
Evaluer la biodiversité, car les poissons ne sont qu'une faible part du vivant d'eau douce et de rive
Prendre en compte l'histoire et la culture, car les moulins et usines à eau ont une valeur patrimoniale
Prendre en compte le paysage, car les lacs, étangs, retenues, biefs et canaux sont souvent appréciés des riverains
Analyser le potentiel énergétique de l'existant, car la transition bas-carbone inclut l'énergie hydraulique
Estimer les services rendus par les écosystèmes restaurés, car le coût public doit être justifié par des bénéfices aux citoyens
Agir d'abord pour les grands migrateurs menacés, car les espèces communes, quoique mobiles, sont moins impactées
Différer l'intervention en rivières polluées, car l'action morphologique ne corrige pas un mauvais état chimique
Prioriser les seuils sans intérêt patrimonial connu, construits au XXe siècle pour des usages devenus sans objet
Envisager des solutions douces (ouvertures de vanne, rivière de contournement, passe à poissons), car elles préservent les ouvrages d'intérêt et sont plus consensuelles
Tester sur des rivières pilotes, avant de généraliser à tous les bassins
Assortir de propositions paysagères et récréatives, car les territoires veulent des rivières attractives
Garantir la solvablité économique des projets, car il ne sert à rien de proposer des chantiers impossibles en raison d'un coût privé exorbitant
Prendre le temps de la réflexion et de la concertation, car le véritable horizon d'action morphologique est séculaire (et non quinquennal)
Eviter le discours de la stigmatisation, car il provoque une crispation immédiate des maîtres d'ouvrage
Préférer l'incitation à la contrainte, en commençant par les propriétaires sans intérêt pour leur ouvrage
Ecouter l'ensemble des riverains de chaque projet, car ils sont aussi concernés par leur cadre de vie et les différents usages
Donner la parole aux citoyens, car les structures actuelles (SDAGE, SAGE) sont trop fermées et peu représentatives
Débattre des enjeux locaux concrets (gains espèces, habitats), en ne se limitant pas à des généralités abstraites
Développer une culture de la rivière, car la mémoire s'en est souvent perdue sur le bassin
Illustration : un moulin sur le Cousin (affluent de la Cure), en zone classée liste 2. Il n'a pas d'usage autre que d'agrément, mais il est parfaitement entretenu et situé dans le périmètre d'un site protégé. Sur cette rivière comme tant d'autres, plusieurs dizaines d'ouvrages sont sans projet à date, car la seule solution correctement financée est la destruction des ouvrages au bénéfice de résultats qui ne sont pas garantis, ni même pronostiqués et proposés en débat aux citoyens. A quoi bon persister dans ces blocages observés partout? La continuité écologique doit changer de méthode, choisir des priorités justifiées par des modèles scientifiques et rechercher des solutions fondées sur la concertation. Elle doit aussi revoir ses ambitions, car l'impact réel des ouvrages modestes (seuils, chaussées) n'est toujours pas quantifié par la recherche et la diversité biologique des rivières ne se limite pas à des espèces de poissons migratrices ou rhéophiles. La grande majorité des citoyens informés des enjeux réels des chantiers ne considèrent pas que des gains locaux et modestes justifient des mesures aussi brutales que des effacements répétés sur un maximum de sites.
Connaissance
Analyser la dynamique fluviale, car peu de bassins ont de réels problèmes de déficit sédimentaire lié aux petits ouvrages
Mobiliser des modèles hydrologiques, car l'évolution du régime crue-étiage et de l'alimentation des nappes doit être connue sur le bassin
Recourir à des modèles climatiques, car les choix doivent être sans regret à diverses hypothèses de changement thermique et pluviométrique
Estimer l'impact biogéochimique (nutriments, polluants, carbone), car les retenues peuvent avoir des rôles positifs
Vérifier les enjeux d'espèces invasives, car la continuité les favorise aussi
Evaluer la biodiversité, car les poissons ne sont qu'une faible part du vivant d'eau douce et de rive
Prendre en compte l'histoire et la culture, car les moulins et usines à eau ont une valeur patrimoniale
Prendre en compte le paysage, car les lacs, étangs, retenues, biefs et canaux sont souvent appréciés des riverains
Analyser le potentiel énergétique de l'existant, car la transition bas-carbone inclut l'énergie hydraulique
Estimer les services rendus par les écosystèmes restaurés, car le coût public doit être justifié par des bénéfices aux citoyens
Action
Différer l'intervention en rivières polluées, car l'action morphologique ne corrige pas un mauvais état chimique
Prioriser les seuils sans intérêt patrimonial connu, construits au XXe siècle pour des usages devenus sans objet
Envisager des solutions douces (ouvertures de vanne, rivière de contournement, passe à poissons), car elles préservent les ouvrages d'intérêt et sont plus consensuelles
Tester sur des rivières pilotes, avant de généraliser à tous les bassins
Assortir de propositions paysagères et récréatives, car les territoires veulent des rivières attractives
Garantir la solvablité économique des projets, car il ne sert à rien de proposer des chantiers impossibles en raison d'un coût privé exorbitant
Gouvernance
Eviter le discours de la stigmatisation, car il provoque une crispation immédiate des maîtres d'ouvrage
Préférer l'incitation à la contrainte, en commençant par les propriétaires sans intérêt pour leur ouvrage
Ecouter l'ensemble des riverains de chaque projet, car ils sont aussi concernés par leur cadre de vie et les différents usages
Donner la parole aux citoyens, car les structures actuelles (SDAGE, SAGE) sont trop fermées et peu représentatives
Débattre des enjeux locaux concrets (gains espèces, habitats), en ne se limitant pas à des généralités abstraites
Développer une culture de la rivière, car la mémoire s'en est souvent perdue sur le bassin
Illustration : un moulin sur le Cousin (affluent de la Cure), en zone classée liste 2. Il n'a pas d'usage autre que d'agrément, mais il est parfaitement entretenu et situé dans le périmètre d'un site protégé. Sur cette rivière comme tant d'autres, plusieurs dizaines d'ouvrages sont sans projet à date, car la seule solution correctement financée est la destruction des ouvrages au bénéfice de résultats qui ne sont pas garantis, ni même pronostiqués et proposés en débat aux citoyens. A quoi bon persister dans ces blocages observés partout? La continuité écologique doit changer de méthode, choisir des priorités justifiées par des modèles scientifiques et rechercher des solutions fondées sur la concertation. Elle doit aussi revoir ses ambitions, car l'impact réel des ouvrages modestes (seuils, chaussées) n'est toujours pas quantifié par la recherche et la diversité biologique des rivières ne se limite pas à des espèces de poissons migratrices ou rhéophiles. La grande majorité des citoyens informés des enjeux réels des chantiers ne considèrent pas que des gains locaux et modestes justifient des mesures aussi brutales que des effacements répétés sur un maximum de sites.